Il y a encore quelques années, quand on parlait de réseau social, on entendait « un ensemble d’individus reliés entre eux par des relations de famille, de travail ou de proximité spatiale ». Aujourd’hui les réseaux sociaux sont avant tout numériques et nombreux. Les plus utilisés, notamment par les adolescents sont généraux comme Facebook, My Space. D’autres sont à vocation professionnelle (Viadeo). Avec certains on peut partager des sites
Internet et des intérêts communs (Delicious, Pearltee) ou tout simplement retrouver des camarades de classes (Copains d’avant).
Devant l’importance que prennent les réseaux sociaux dans notre vie, et plus encore dans celle de nos adolescents, peut-on éluder la question de leur intégration dans les pratiques pédagogiques ? Elle se pose de plus en plus : la réforme des lycées prône d’ailleurs l’utilisation de ces nouveaux modes de fonctionnement, en SES, en langues étrangères, ou encore en ECJS. Les avis sont sans aucun doute partagés. Ce dossier vous présente quelques éléments de débat, des informations et n’a pas la prétention de trancher la question.
Du difficile partage des données
Les sceptiques mettront en avant les difficultés essentiellement liées justement au partage des données, qu’elles soient professionnelles ou
personnelles. Elles commencent dès la création du compte. Dans un cadre pédagogique, il faut en créer plusieurs : un par enseignant, mais aussi un par élève. En créant ce compte, on doit donner des renseignements personnels. Certains réseaux sociaux, comme Google+, refusent d’ailleurs l’anonymat.
Demander à un élève de s’inscrire sur un réseau social, quel qu’il soit, n’est donc pas un geste anodin, sans parler du nécessaire accord des parents. Il ne faut pas oublier que ces outils sont créés par des sociétés commerciales qui souhaitent retirer un bénéfice de leur production. Et il ne relève vraiment
pas de nos missions de les aider à utiliser nos élèves comme de banales données commerciales.
Se pose aussi le problème de l’exploitation des données professionnelles : si vous publiez des cours ou des devoirs sur Facebook, vous donnez automatiquement aux propriétaires de l’application l’autorisation d’utiliser ces documents. Même si vous résiliez votre compte, les données que
vous aurez partagées resteront propriété de Facebook aussi longtemps que les personnes concernées par le partage auront leur compte... Cela donne à réfléchir. A priori, ces travaux communs peuvent aussi être réalisés sur des ENT (qui ne sont pas encore généralisés ni opérationnels dans tous
les établissements), puisque les élèves peuvent également accéder aux données de chez eux.
Enfin, vous aller partager un espace commun avec les élèves autre que celui de la classe. Selon la terminologie des applications, vous pouvez devenir « amis » avec eux, terme non anodin. Si vous ne savez pas correctement paramétrer vos profils privés et publics, vos
élèves risquent d’en savoir plus que vous ne le désirez sur vous et vice versa !
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Vers un réseau… scolaire
Les « aficionados » des réseaux sociaux vous expliqueront que cette approche permet aux élèves d’aborder le cours avec un a priori positif.
Ils ajouteront que l’intérêt réside dans le fait qu’ils appréhenderont l’utilisation des réseaux sociaux sous un angle différent, que vous pouvez travailler avec des réseaux qu’ils n’utilisent pas d’habitude. Les enseignants semblent d’ailleurs pratiquer davantage Twitter que Facebook en classe (si ce n’est pour diffuser des informations sur un événement ou une association).
La question épineuse de la diffusion des informations personnelles ? Les adeptes des réseaux sociaux ne pourront que vous suggérer de vous identifier au nom de l’école ou du lycée, et de créer des comptes de classe (la Seconde B du lycée Tartempion).
Enfin, ils concluront que travailler sur les réseaux sociaux permet de soulever certaines questions liées à l’utilisation d’Internet, comme la sécurisation des données personnelles.
Le débat reste ouvert !
- Facebook, quelle aventure. Carnet de bord d’une enseignante-documentaliste stagiaire. A. Guilbaud-Varachaud, un article du numéro 482
des Cahiers Pédagogiques de 2010, « Le Web 2.0 et l’école » : www.cahiers-pedagogiques.com/spip.php ?article6862
- Sur Momi Clic, un espace public numérique du territoire Wallon, un
dossier intitulé « Facebook expliqué aux enseignants mais aux autres
aussi » : www.momiclic.be/spip.php ?article672
- Un dossier très complet réalisé par C. Dubois, C. Chatet du CRDP de
Bordeaux pour Savoirs CDI : www.cndp.fr/savoirscdi/cdi-outil-pedagogique/reflexion/les-reseaux-sociaux-au-cdi.html
- Un autre dossier très complet et une bonne compilation :
http://docsdocs.free.fr/spip.php?breve608
- Carrefour éducation, un site canadien a fait aussi son tour de la question :
http://carrefour-education.qc.ca/files/images/dossiers/Medias_sociaux_
dossier.pdf. Il a le mérite de rappeler qu’une formation au médias sociaux est nécessaire pour pouvoir enseigner avec eux.
- Bien paramétrer son compte Facebook , diaporama sur un site de collège :
http://colleges.ac-rouen.fr/cahingt/cdi-tice/article44/bien-parametrer-
son-compte-facebook
- Laurence Juin, professeure de lettres histoire, qui utilise les réseaux sociaux dans ses cours, publie ses expériences sur ce blog : http://maonziemeannee.wordpress.com
- Eduscol s’est penché, en 2010, sur les enjeux pédagogiques des réseaux
sociaux (entre autres) : http://eduscol.education.fr/dossier/travail-apprentissage-collaboratifs. Il a le mérite de donner des exemples concrets.
- Sur Pearltree, un dossier complet sur Twitter et son utilisation :
www.pearltrees.com/#/N-u=1_251881&N-p=22019293&N-s=1_2560635
&N-f=1_2560635&N-fa=2560627
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Présentation de quelques réseaux sociaux :
Facebook signifie « Trombinoscope » en anglais. Né à Harvard (cf. le film The social network), son succès commercial ne se dément pas ! (mais jusqu’à quand ?) Il permet à tout un chacun à partir de 13 ans de présenter des informations d’ordre privé sur sa page. On peut également promouvoir sa société, ou son association, voire un événement. Le paramétrage de Facebook nécessite qu’on s’y penche, mais on peut cibler les informations que l’on donne en fonction de son public. Facebook a remplacé Messenger chez les adolescents.
Viadeo
Réseau social professionnel, réservé à la recherche d’emploi (convention
avec l’APEC), ou à la recherche de nouveaux partenaires, clients ou fournisseurs.
Copains d’avant
Créé à l’origine pour retrouver ses camarades de classes, ce réseau vous
permet à présent d’exprimer vos goûts, d’afficher vos opinions ou de vous
réunir en groupes.
Babelio
Dédié aux livres et aux lecteurs, permet de créer et d’organiser sa bibliothèque en ligne, d’obtenir des informations sur des œuvres, de partager et d’échanger ses goûts et impressions littéraires avec d’autres
lecteurs.
Diaspora
C’est un réseau social libre qui permet à l’usager de contrôler ses propres données. De plus, contrairement à Facebook, il est hébergé par différents ordinateurs, ce qui évite de centraliser les données sur quelques serveurs. Nous y reviendrons.